On ne s'était donc pas pressé, elle avait copiée mon allure ce qui était très bien. Je me demandais à quoi elle pensait et, vu la tête qu'elle avait fait en me voyant, je me doutais qu'elle ne me croyait pas être le fameux Monsieur Rodriguez. Je m'amusais donc de cela, ne lui disant toujours rien et la conduisant à mon bureau. On sillonnait les couloirs, passant devant des bureaux, à la fin, mon pas se trouva plus accéléré, je n'aimais pas tout ce sombre qui parcourait les murs.

Nous arrivons donc devant mon bureau, et, je ne put retenir qu'un petit soulagement car je préférais largement plus cette ambiance à celle des couloirs sans vie. J'ouvris donc la porte et lui laissa la place pour qu'elle puisse rentrer, chose qu'elle fit. Je ferma la porte juste derrière moi. Je l'invita même à s'asseoir sur le siège juste en face de mon bureau, voyant qu'elle s'était contentée de rester au milieu de la pièce. A mon tour, je pris place derrière, posant mes pieds croisés sur le bureau. Après quelques secondes à la contempler, j'attrapai le combiné du téléphone posé à ma gauche, composa un numéro.

" - Ma belle, sois gentille, apporte nous une bière. "

Après cela, je replaça le combiné à sa place, raccrochant presque au nez de la secrétaire. Puis, je laissa mon regard parcourir la pièce avant de continuer aimablement.

" - Même si tu dois penser le contraire, je suis bien Monsieur Esteban Rodriguez. " fis-je en attrapant le dossier de la jeune femme devant moi.

Je le parcouru quelques secondes, assez rapidement, puis retourna mon regard vers elle en jetant le dossier sur mon bureau. Je lui souriait avant de continuer.

" - Je vois que tu as une pratique dans le cambriolage... mais... Tu sais que je cherche surtout un tueur à gage, penses-tu avoir les compétences et les nerfs assez solide pour pouvoir tuer quelqu'un autre que ton père ? Nos victimes n'ont pas forcément fait quelque chose de mal, du moins, on ne peut pas le savoir... Alors, qu'en penses-tu ? "

Il lui avait dit ça avec nonchalance, mais, en même temps avec une once de défi dans la voix. Il garda un sourire amusé sur son visage, testant la jeune femme pour voir si elle était aussi solide qu'elle paraissait être.

Il m’avait fait rentrer dans son bureau, je restais debout en plein milieu de la pièce, jusqu’à ce qu’il me dise de m’asseoir dans un fauteuil ; ce que je fis avec plaisir. Je parcourais des yeux le bureau de Monsieur Rodriguez, la première chose que je pouvais constater c’est qu’il avait l’air d’aimer beaucoup les femmes ; il avait disposé plein de sculptures de femmes un peu partout. En revanche, j’étais rassurée de voir qu’il y avait qu’une plante. Je commençais de nouveau à stresser, j’essayais de ne pas le montrer en gardant un visage des plus neutre. Je fus surprise de la position qu’il prit à son bureau, il était si décontracté, mais cela me rassura de voir qu’il ne s’agissait pas d’une personne fière. Je pensais davantage qu’il était quelqu’un d’agréable, lorsqu’il demanda à ce qu’on lui rapporte deux bières, si je m’attendais à cela, sûrement pas.

Après ce passage de mise à détente, oui je l’ai baptisé comme cela, ce moment, car ce qui en suivit m’avait un peu refroidi. Il avait jeté mon dossier sur son bureau, sur lequel je m’étais appliquée à remplir ; et ça je n’avais pas appréciée, mais bon, je devais faire avec, après tout c’est lui, le chef. Il fallait que je me fasse à l’idée que mon chef était ce beau jeune homme que j’avais regardé de façon très déplacée. Se fut la fin de la mise à détente, lorsque l’entretien commença, il avait cherché à me provoquer où plutôt à me tester pour savoir si j’avais le cran pour faire ce boulot. Au début, je m’étais senti blessée par ses propos, mais en le regardant attentivement, je vis que ce n’était pas par méchanceté, mais par simple test ; et il avait raison, c’est pour cela que je compris pourquoi il était chef. Il savait mettre à l’aise les personnes, les tester et il savait sûrement les remettre en place lorsque cela s’avérait nécessaire. En le regardant fixement dans les yeux pour lui montrer que ce qu’il venait de me dire ne m’avais pas affectée, je lui répondis :

« C’est exact Monsieur, je suis toujours cambrioleuse ! Et ce métier m’a appris une chose, c’est qu’il faut savoir se débarrasser des personnes qu'elles soient gênantes ou non, que l’on les connaisse ou non ! Je ne suis peut être pas une tueuse à gage, mais je sais tuer ! En effet, ce fut mon père ma première victime, mais il y en eut d’autres qui ont suivi. Si je suis ici, dans cet entretien c’est parce que je connais mes capacités, et je ne mettrais jamais en danger cette organisation si je n’avais pas le sang froid pour ce boulot. Et ce n’est pas parce que je n’ai pas l’allure d’une tueuse à gage que je ne peux pas en être une, regardez-vous, vous n’avez pas l’air d’un chef et pourtant vous en êtes un très bon ! Voilà, ce que j’en pense Monsieur, si vous avez toujours le doute, laisser moi faire mes preuves ! »

Je lui avais dit ces mots en le fixant dans les yeux, afin de lui prouver ma détermination et de lui montrer que je possédais un sang froid et les nerfs pour ce boulot, je finissais mes paroles par un sourire en coin, pour répondre à celui qu’il avait sur les lèvres depuis le début de sa question. Après cela, je me remis confortablement dans le fauteuil, je croisais les jambes et mit mes mains sur les appuis du fauteuil, afin de me poser pour me détendre un peu. Je le fixais toujours dans les yeux, en attendant ce qu’il allait me répondre.

Quand elle commença à parler, je l'écouta, sans la couper, affichant un sourire toujours aussi énigmatique. Je soutenais aussi son regard, ne traduisant aucune émotion comme de la sympathie ou autre. Je me contentais de la fixer, d'observer ces gestes, ces réactions. Je vis très vite qu'elle était stressé par ces petites mimiques. Quand elle eut fini, je continua de la regarder s'asseoir contre le dossier, poser ses mains sur les accoudoirs, avoir un sourire. Cette jeune femme me plaisait, elle me semblait avoir une carapace assez solide. Malgré tout, je voulais encore la tester, ces nerfs me semblaient assez fragile. Si cela se révélait vrai, il y aurait possibilité d'un problème. Mais, même avec cela, je savais que je la prendrais quand même.

Je bougea quelque peu mon cou, posa ma main dessus pour le masser quelque peu. Ma journée avait été dure aujourd'hui, malgré qu'elle terminait en beauté. La jeune secrétaire prit d'ailleurs ce moment pour apparaître, apportant les bières et disparaissant aussitôt. J'attrapai ma bière, la clipsa sur mon bureau, avant de prendre une gorgée, la savourant. Puis, après quelques minutes de silence, j'eus un plus grand sourire, je me leva, contourna mon bureau pour m'installer dessus, à côté d'Alicia. Elle semblait surprise et n'osait pas me regarder. Je fit un sourire, avec mon doigt, je lui releva la tête. Son visage se trouvait à quelques centimètres du mien.

" - Alicia, je vais te dire ce que je pense de toi. Tu as eu une enfance malheureuse, à en voir ton retrait par rapport à moi, tu n'as jamais eu de vrais relations dut sans doute à cause de ton problème avec ton père. Une arme n'est pas un jouet pour les petites nerveuses comme toi. Mettre en danger cette organisation ? Si, tu le feras, et tu dois le faire. La mettre en danger veut dire prendre des risques pour qu'elle fonctionne mieux. Tu connais tes capacités ? Je ne crois pas non, tu es trop nerveuse, trop stressée. Je n'ai pas l'allure d'un chef ? Ça, tu as raison car, je n'en suis pas vraiment un, j'ai horreur d'aider les autres. Comprends-moi bien, je suis comme toi, je suis ton égal, alors, demoiselle, tu seras gentille de me tutoyer et de m'appeler Esteban à l'avenir. "

Je lui souriait, posa un doux baiser sur sa joue comme pour un signe de bienvenue, puis alla me rasseoir dans mon siège attrapant ma bière. Je me mit à surveiller son comportement, croisant mes bras, essayant de voir si elle avez vu que je l'acceptais ou pas, chose que j'avais sous-entendu, sous mes quelques reproches. Je cherchais à savoir comment elle allait réagir. Vous vous posez peut-être la question du pourquoi alors qu'elle était déjà acceptée ? Pour simplement voir à qui j'avais réellement à faire. Je n'avais pas fait cela pour le simple plaisir, même si, il faut l'avouer, que j'avais pris plaisir. Le fait de rentrer dans son périmètre de sécurité, le fait de l'avoir toucher, je savais que sa vraie personne allait surgir. Et je saurais enfin comment sera son comportement au sein de mon équipe.

Il s’était dirigé vers moi, sur le moment je me suis dit qu’il voulait me parler de plus près afin de me remettre un peu en place ; mais ce qu’il en suivit fut pire que ce j’avais prévu. En effet, il m’avait touché de son petit doigt mon visage et il m’avait fixé, je ne voulais pas le regarder, car malgré que se soit mon chef, il m’attirait énormément. Je me laissais quand même toucher, il dirigea mon visage vers le sien, nos deux visages n’étaient qu’à quelques centimètres ; j’eus une terrible envie de l’embrasser. Je ne savais pourquoi, mais ce jeune homme m’attirait, il avait une sorte de pouvoir qui faisait que je ne pouvais m’empêcher de vouloir faire des choses pas très catholiques avec lui. Durant, cette pose que nous avions, il me répondit des choses qui me déplaisait fortement je ne puis lui répondre ni le couper dans ses propos, car j’étais trop absorbée par ses yeux.

Une fois, qu’il était parti se rasseoir sur son siège, bière à la main je le regardais d’un air charmeur, car j’avais très bien compris qu’il m’acceptait ; cependant j’avais toujours l’impression qu’il cherchait à me tester. Je me levais donc et pris ma bière sur son bureau, je le regardais toujours, je me rasseyais puis ouvrit ma bière à la main, je pris une gorgée et la reposa sur son bureau. Je me décidais donc à lui montrer clairement à celle qui l’avait à faire, afin d’éviter toute surprise lors du boulot. Je me levais à nouveau et me dirigea vers lui, je m’asseyais sur son bureau prés de lui comme il l’avait fait précédemment.

« Vous savez Monsieur Rodriguez, ou plutôt Esteban je crois que vous avez raison, je ne connais pas toutes mes capacités, mais celles que je connais, je les maitrise parfaitement ! Ensuite oui c’est exact, j’ai eu une enfance malheureuse, mais je ne suis pas la seule sur cette terre à l’avoir vécu ; et si je suis stressée c’est parce que je ne sais jamais comment m’y prendre pour m’adresser aux personnes sans paraître exécrable et aussi parce que je ne supporte pas l’idée qu’on m’envoie valser, car ensuite je deviens un peu désagréable et assez méchante, du moins lorsque l’on m’envoie valser pour aucune raison ! Et, je suis stressée, car j’ai toujours travaillée seule, et je vous avoue que cela m’effraie un peu ! Et enfin, Esteban si je suis aussi en retrait par rapport à vous, ce n’est aucunement à cause de mon salaud de père, mais parce que j’essaie de me contrôler pour ne pas vous embrasser et faire d’autre chose, car vous êtes mon supérieur ! Voilà, vous vouliez savoir à qui vous aviez à faire, et bien vous avez à faire à une femme qui n’est pas douée pour aborder des conversations et pour aider les autres, mais en revanche à une femme qui sait tuer sans aucun problème ! »

Une fois que j’eus terminé ma petite tirade, je lui souris de manière taquine, et j’allais me rasseoir sur mon siège tout en prenant soin de prendre ma bière. Je me sentis libérée, car j’avais pu tout sortir tout ce que je pensais et montrer une partie de celle que j’étais vraiment. Je le regardais toujours dans ses beaux yeux noirs que je dévorais à chaque fois que je le pouvais, puis je pris une fois de plus des gorgées de ma bière.

« Que puis-je faire pour vous Esteban ? Si je suis toujours acceptée, dans votre équipe ! » fis-je avec un sourire de sympathie.

Cette jeune demoiselle m'amusait de plus en plus. Je la regarda faire sans rien dire, me contentant d'analyser ces gestes. J'avais reposé mes jambes sur mon bureau, croisant les bras. J'eus un petit sourire quand elle vint sur mon bureau, ne la quittant pas des yeux, profitant aussi de l'instant pour regarder ses formes qui étaient splendides.
Ensuite, elle parla, je l'écouta donc, en ayant un petit sourire en coin. Je fronçais les sourcils à ses propos amuser par cette franchise que je cherchais chez elle. J'avais donc raison, elle cachait quelque chose, et ce petit truc était sa franchise. Quand elle alla se rasseoir, je lui fit un petit hochement de tête. Je me pencha pour attraper ma bière, laissant le temps s'écouler quelque peu. Je bus quelques gorgées, la regardant dans les yeux. Elle semblait très douée et qualifiée. Je n'avais donc pas d'objection à la faire participer à cette organisation. Elle était sincère, franche et compétente. Quoi de mieux ?

Je me releva donc, attrapant son dossier qui trainait sur mon bureau, j'y jeta encore un coup d’œil, feuilletant les pages. Par la suite, je m'alluma une cigarette que je laissa à mes lèvres, tout en tournant le dossier pour enfin le fermer. Par la suite, machinalement, sans la regarder ce coup-ci, je prit divers dossiers qui se trouvaient autour de mon bureau. Pour une fois, je pense que j'avais l'air d'un vrai chef. Avec précision, j'ouvris les dossiers et les refermait aussi sec après avoir trouvé l'information que je voulais. Cela faisait un moment que je jonglais entre les dossiers, tirant quelques fois des bouffées sur ma cigarette qui se trouvait toujours à mes lèvres. J'étais d'ailleurs très doué pour ne pas la faire tomber. Quelques fois, je la posais pour prendre une gorgée ou deux.

Au bout de quelques minutes qui furent tout de même longue, je reposa mon regard sur elle. Je m'installa confortablement dans mon fauteuil puis je tira quelques bouffées bien méritées. Je lui fit un petit sourire rassurant avant de me lever, me reposant sur le rebord de mon bureau, prés d'elle. Malgré tout, mon comportement était véritablement différent de celui d'avant. Je ne cherchais plus à la tester et la prenait beaucoup plus comme une coéquipière. D'un ton donc assez doux et gentil, je commença à lui parler :

"- Pour répondre à ton long monologue et, soit dit en passant, tu as intérêt à me tutoyer sinon tu vas commencer par ranger la paperasse... Tu n'as pas à te sentir stressée ici, tu connaitras beaucoup de gens qui auront le même problème que toi, princesse. Après, restes comme tu es et le reste on s'en fou. Je viens de voir que je voulais. Je n'ai pas envie d'une femme qui se cache... Je pense que tu comprends. Mentir sur sa personnalité c'est mentir dans son travail. Soit vraie et naturelle avec les autres car, comme cela, ils pourront voir tout de suite où sont tes faiblesses et essaieront de les combler. Ensuite, pour dire la vérité, ce n'était pas tes capacités que je remettais en cause mais plutôt ton manque de confiance en toi et le fait que tu te caches. D'ailleurs, je m'excuse pour avoir été brutal si tu l'as vu de cette façon."

J'eus un petit sourire avant de retourner à mon bureau.

"- Je ne crois pas avoir oublié quelque chose... Ah si, sache qu'ici, la hiérarchie, c'est du bidon. Je ne suis pas ton supérieur, je suis un coéquipier... Et un homme en dehors d'ici. " fis-je en ayant un sourire charmeur, tout en m'installant confortablement.

"- Sinon, tu te doutes bien que tu es acceptée. Je vais donc te parler des formalités et des foutus papiers que j'ai du lire là. Donc, comme tu t'en doutes et comme tu me la dis, je vais être ton supérieur. Je me suis questionné sur le fait de savoir si je te prenais dans mon groupe ou si je te transférais dans un autre..."

Je m'arrêta quelque peu, prenant une gorgée de ma bière. Après l'avoir fini et jetée dans la poubelle, je repris, prenant une dernière bouffée sur ma cigarette avant de l'écraser.

"- Mais finalement je me dis que tu seras mieux avec des fortes têtes comme moi. Pour l'instant, tu travailleras avec moi et un autre coéquipier sous le nom d'Evilian Loner. Je te préviens tout de suite, il est anti-social, froid et désagréable mais... Je suis sûre que tu pourras t'y faire " fis-je avec un clin d’œil avant de reprendre : " Ensuite, tu vas cohabiter dans un appartement avec deux gérantes : Christie Bellinger et Syra dans la résidence n°2. Tu trouveras facilement, ne t'inquiètes pas. Donc, pour l'instant, je n'ai pas de missions sous le coude, et, de toute façon, je préfère déjà que tu te familiarises avec l'organisation. C'est pourquoi j'aimerais que tu ailles dans ton nouvel appartement, je vais prévenir Christie pour qu'elle te rejoigne, elle pourra te fournir en armes et protections. D'ailleurs, tu pourras aussi lui poser toutes les questions que tu veux. Je te préviendrais si j'ai des missions pour toi. Pour l'instant, c'est quartier libre, tu peux donc maintenant disposer princesse. "

Je termina en lui souriant, allumant une autre clope. Notre "rendez-vous" était maintenant terminé et j'attendis patiemment qu'elle se lève pour sortir. Bien entendu, une sortie dont je ne manquerais pas une miette.

Je le regardais se lever et prendre mon dossier, il en prit d’autres par la suite, il voulait sûrement faire des vérifications. Il alla se rasseoir de nouveau dans son fauteuil. Durant quelques minutes il l’eut vraiment l’air d’un chef, lorsqu’il regarda les dossiers, avec sa clope aux lèvres. Je me demandais d’ailleurs comment il parvenait à fumer sans s’aider de ses mains, j’avais déjà essayé, mais les conséquences qui s’en suivirent étaient irréparables.

J’arrêtais donc de penser et me concentra de nouveau sur mon entretien, du moins un semblant. Il était très concentré, ou alors il réfléchissait enfin bref, cela commençait à faire long, et je voulais savoir la réponse finale.
Après avoir regardait les dossiers, il me regarda, je fut encore plongée dans ses yeux noirs qui me noyait. Il me souriait, toujours ce sourire charmeur, je me dis qu’il allait m’annoncer une bonne nouvelle. Il venait vers moi, et s’installa sur le coin de son bureau. Je fus très contente du ton qu’il employait, il parlait très sereinement et alla même jusqu’à s’excuser, ce qui me surpris. Une fois qu’il eut terminé de parler, je me levais, je restais debout puis je finis par dire :

"- Très bien, merci Esteban! Je te trouve très sympathique pour un chef! Je suis ravi de faire partie de ton groupe, j’ai hâte de travailler avec toi, et pour Evilian je ne me fais pas de souci on sera deux à ne pas se parler…"

Je m’arrêtais quelque seconde, puis je repris avec un sourire :

"- Bon et bien je vais maintenant rejoindre mon appartement et aller faire la connaissance de mes deux colocataires! Je te dis donc à plus tard… ah oui encore une chose, pourras-tu m’apprendre à fumer sans les mains? Je te laisse y réfléchir à plus tard Esteban! "

Suite à cela, elle se dirigea vers la porte de sortie, l’ouvrit et avant de la refermer, elle regarda de nouveau Esteban et lui fit un dernier sourire.

Toujours tranquillement installé, je la regardai se lever avec un sourire. Je ne lui répondis pas, me contentant de garder un sourire charmant et quelque peu dragueur, je dois l’avouer. Elle était tout de même attirante mais bref. De toute façon, je ne pense pas qu’elle attendait de réponse. C’était sans doute une raison pour une prochaine rencontre, cela me plaisait. J’espérais la rencontrer dans d’autres circonstances que le travail, et là, j’avais la certitude que cela arriverait. Peut-être aurions-nous le loisir de boire un verre ensemble et plus, si affinités. Mon regard resta figé sur elle, contemplant quelque peu ses formes avantageuses. Je la regardais se diriger vers la sortie avec grâce. Elle me fit un dernier sourire que je lui rendis, toujours confortablement installé.
Après cela, je restai un moment sans bouger, réfléchissant sur les événements qui allaient suivre. Elle était joviale, chaleureuse. J’espérais qu’elle resterait comme ça malgré les missions que j’allais lui confier. Mon regard alla doucement vers le paysage que je pouvais voir par ma fenêtre. Ce métier était tout sauf agréable à vivre. J’en connaissais beaucoup qui avaient subis des traumatismes en tout genre à cause de ce métier. J’eus un soupir, repensant à des camarades qui étaient maintenant devenus fous. J’étais même sur que beaucoup s’était donné la mort. Vivre avec la culpabilité d’avoir mit fin à une vie était difficile, sans doute trop pour des caractères quelque peu fragile. J’espérais qu’elle ne m’en voulait pas pour ces attaques répétitives. Il fallait qu’elle en passe par là, il était hors de question que j’accepte quelqu’un de mentalement fragile dans mon équipe. Je ne saurais là gérer, c‘était beaucoup trop difficile même pour lui. Cela vous bouffe à petit feu qu’il avait même entendu lors d’une discussion. Pas tort. J’essayais de ne pas trop y penser, d’effacer de ma mémoire le nom, le visage, sa vie en fait. A chaque fois que je tue, j’essaye de ne rien retenir, d’être simplement un tireur. Pas de sentiments. Malgré tout, c’était difficile mentalement et physiquement d’oublier. Machinalement, ma main alla toucher mon épaule. Je pouvais sentir la cicatrice à travers mon pull. Cela vous marque à vie. C’était bien le mot.
D’un revers de main, j’attrapai une cigarette, comme si le simple fait de m’occuper allait effacer ces mauvaises pensées. Je regardai mon briquet et l’alluma, l’avançant vers ma clope que j’avais déjà à la bouche. Elle s’enfuma, j’eus un sourire. Je me perdis dans le jeu de fumée. Malheureusement, cela me rappela la mort. D’un coup, mes yeux se fermèrent. Effacer, oublier, enfouir le moindre souvenir.
Mes pensées allèrent vers Alicia, je la revoyais sourire et respirer la joie de vivre. Franchement, j’espérais qu’elle la garderait. Il fallait qu’elle garde son caractère si jovial et quelque peu explosif. En tout cas, j’allais tout faire pour qu’elle reste telle quel. Je n’avais pas du tout envie d’être à l’origine d’une déchéance. J’eus un sourire, réalisant que j’étais chef d’un groupe. Ces temps-ci, j’avais du mal à le garder en tête. Je serais un chef exemplaire me promis-je.

Mais, pour l’instant, je devais me changer les idées. J’attrapai un gros dossier qui traînait. Je lu le titre qui ne me donna carrément pas envie. Je le feuilletai en soupirant, j’allais vraiment galérer pour trouver des missions convenables. Puis, quelques secondes plus tard, clope au bec, je m’entrepris de le détailler un minimum pour ranger ces parties dans les catégories qui convenait. A un moment, je jeta un coup d’œil à la pile qui était sur le côté. Quelques minutes à peine, je fermas le dossier. J’eus un soupire. Pas motivé. Je lança un regard vers mes clés et eut une brillante idée me vint. J’attrapai rapidement le téléphone.

« - C’était pour te prévenir que si on me demandait, je suis pas là, j’ai un rendez-vous extérieur. »

Je ne laissa pas le temps à ma secrétaire de se plaindre, je mis fin en raccrochant le combiné. D’un geste instinctif, je frotta mes mains entre elles. Vie quand tu nous tiens.

[edit : Corrigé par Albert =)]